Il faut repenser le modèle !
« Nous devons reprendre l’ouvrage. Nous, la Gauche.
En renouant avec notre identité : refaire de la justice sociale la colonne vertébrale des politiques publiques ; reprendre en charge la question démocratique ; penser la culture ; retisser les liens de solidarité internationale avec les travailleurs, les déshérités, les femmes opprimées, les enfants exploités, les croyants et les incroyants persécutés, les victimes des traites, des guerres, des misères, des catastrophes.
Et assumer tout cela tête haute. », Christiane Taubira (dans son ouvrage Nous habitons la terre)
A une époque où de plus en plus d’électeurs européens, dont bientôt les électeurs français, se détournent des partis dits « traditionnels », les mots de Christiane Taubira sonnent comme un rappel à l’ordre des partis qui se disent incarner les valeurs de la gauche traditionnelle.
Pour paraphraser Villon, le poète maudit : Que sont mes valeurs devenues ?
L’après seconde-guerre mondiale a vu la mise en place d’un modèle économique où la régulation de l’Etat, une fiscalité juste et progressive, une sécurité sociale et des services publics forts ont apporté le bien-être du plus grand nombre en répondant aux attentes et aux besoins de citoyens.
Les politiques néolibérales mises en place dans les années qui ont suivi ont détourné le modèle de la bonne direction sans que personne ne s’oppose à ce changement.
Les leaders des partis de gauche d’hier (Blair, Schröder ou Renzi) et d’aujourd’hui (Valls, Di Rupo…) répondent-ils encore aux besoins d’une large frange de la population, exclue ou menacée par les politiques libérales ? Sont-ils bien conscients de la misère que nous voyons croître tous les jours, nous qui sommes au cœur de la réalité de terrain des travailleurs et que certains politiques semblent perdre de vue chaque jour un peu plus ?
Il nous plaît à penser que oui ! Ils doivent donc changer de direction. Il n’est plus suffisant de mettre en place des mesures qui luttent contre la précarité et l’exclusion créée par ses politiques libérales éculées car nous sommes en pleine « crise de régime » !
Cette crise de régime atteint aujourd’hui de plein fouet une partie de la gauche engluée dans les dérives de la « gestion » et du « management ». Les citoyens ne veulent plus de Politiques gestionnaires qui adhérent au libéralisme, quitte à détourner des outils publics de leur mission initiale de répartition collective des richesses.
Le désenchantement de la population européenne de plus en plus victime du libéralisme montre qu’au-delà de la crise capitaliste, c’est tout un modèle qu’il faut repenser. Plus personne ne comprend et n’accepte de faire des efforts pour quelques nantis qui se sont enrichis via une crise causée en 2008 par le « Monopoly » des banques et des marchés boursiers. Plus personne n’accepte de se serrer encore et encore la ceinture alors que les entreprises paient de moins en moins d’impôts et que quelques privilégiés (1%) détiennent les ¾ des richesses.
Les citoyens – vous et moi – représentent les 99% qui aspirent à un nouveau modèle car l’actuel ne correspond plus à leurs attentes.
Les partis européens de la gauche traditionnelle seraient donc bien inspirés d’écouter les 99% et de remettre la justice sociale au centre de leurs préoccupations et de leur programme, comme cela a été clairement exprimé en Grèce et en Espagne, et peut-être demain en France.
En tant que défenseurs des valeurs de gauche, nous, organisations syndicales, seront présents aux côtés des acteurs du progrès social et pas aux côtés des gestionnaires de la misère populaire.
Bon 1er mai à toutes et tous.
Olivier Nyssen et André Gilles
Secrétaires généraux CGSP Admi
historique 1er mai