La crise actuelle démontre une nouvelle fois que le sous-financement et la privatisation massive des services de santé publics ont empêché la mise en place de mesures préventives permettant de lutter contre les maladies contagieuses. Combinée aux effets du changement climatique, cette lacune offre un terrain propice à la prolifération de ces maladies.
À la suite de la déclaration de l’Organisation mondiale de la Santé (OMC), qui a qualifié l’épidémie du virus Zika d’urgence de santé publique de portée internationale, l’Internationale des Services Publics (ISP) soulève d’importantes questions. Pourquoi ces épidémies se déclarent-elles ? Et pourquoi les réactions se font-elles tant attendre ?
Face à de telles menaces, l’ISP est convaincue que la seule réponse consiste à investir dans les services publics et à améliorer les conditions de travail des travailleurs/euses du secteur public.
« C’est uniquement par le biais d’une réponse complète et appropriée de la part des gouvernements que nous pourrons espérer faire face à de telles crises. Cette mission ne peut être confiée à des particuliers ou à des sociétés privées irresponsables. En réalité, c’est l’inaction des décideurs politiques et les agissements de sociétés privées, qui ont conduit à l’immobilisme à l’égard du changement climatique et aux mesures d’austérité incessantes », a déclaré Rosa Pavanelli, Secrétaire générale de l’ISP.
Si l’on se penche sur les mesures de prévention mises en place contre les maladies transmises par les moustiques, telles que la maladie à virus Zika, il apparaît évident que la solution réside en grande partie dans l’offre de services publics de qualité.
L’OMS propose des mesures efficaces pour lutter contre la maladie à virus Zika, semblables à celles applicables à toutes les maladies transmises par les moustiques. L’ISP insiste sur le fait que la plupart de ces mesures doivent être mises en place par des services publics, afin d’apporter des réponses rapides, efficaces et responsables.
Par exemple, les services publics locaux ont un rôle fondamental à jouer dans la lutte anti vectorielle. En effet, la collecte des déchets permet de réduire les risques d’accumulation de flaques d’eau stagnante, propices à la reproduction des moustiques. Les États et les gouvernements nationaux ont, eux aussi, un rôle à jouer, en assurant la propreté des cours d’eau et en favorisant la présence de poissons qui se nourrissent de larves de moustiques, mais également en fournissant et en pulvérisant des insecticides sûrs et efficaces.
Il incombe aux gouvernements d’assurer l’éducation en matière de santé publique et de soutenir les travailleurs/euses de la santé de façon à ce qu’ils/elles puissent identifier et signaler les cas, ainsi qu’éduquer les communautés de façon appropriée. De cette façon, des mesures de prévention individuelles peuvent alors être prises. Cependant, cette mission de santé publique ne s’arrête pas là. Il leur faut également fournir des équipements de protection individuelle (par exemple des produits répulsifs ou des moustiquaires) aux communautés qui ne peuvent y avoir accès.
Il revient aux laboratoires publics d’accélérer la production de vaccins et autres médicaments dont les communautés touchées ont besoin, et non de laisser la production de ces médicaments aux mains de sociétés pharmaceutiques mues par le profit.
Au lendemain d’Ebola
Cette dernière déclaration d’urgence de santé publique de portée internationale n’est pas sans rappeler la crise Ebola, qui a ravagé les communautés d’Afrique de l’Ouest et causé la mort de plus de 11 000 personnes (un chiffre toutefois sous-estimé, indique l’OMS).
La plupart des cas de maladie à virus Zika n’entraînent pas la mort. Cependant, les complications d’une exposition au virus suscitent une inquiétude grandissante. Si le lien entre le virus Zika et les nombreux cas de microcéphalies recensés au Brésil reste à établir, l’ISP constate avec crainte que ces crises sanitaires, Zika et Ebola, présentent des caractéristiques semblables. Les communautés qui ne bénéficient pas de services publics de qualité sont les plus exposées à ce fléau. En effet, ce sont les communautés des pays en développement et les personnes qui souffrent le plus des mesures d’austérité, notamment les femmes et les enfants, qui sont une nouvelle fois les victimes.
L’ISP insiste sur le fait que c’est aux responsables politiques qu’il incombe de veiller à ce que des réglementations gouvernementales fortes soient appliquées dans le domaine de la santé publique, et à ce que les services publics soient bien équipés pour répondre aux besoins de leurs communautés. Dans le cas contraire, les épidémies, telles les crises Zika et Ebola, se feront plus fréquentes.
L’ISP exhorte les responsables politiques à agir de toute urgence afin d’assurer l’existence de services publics de qualité capables de gérer de telles crises et d’en empêcher l’apparition. Pour l’ISP, il est évident que la seule solution pour gérer les crises actuelles et futures passe par l’existence de services contrôlés par l’État.
L’ISP appelle à :
- des conditions de travail décentes pour les travailleurs/euses du secteur de la santé, afin de pouvoir lutter contre la maladie à virus Zika et autres maladies endémiques ;
- un financement suffisant de la santé publique permettant de prendre des mesures de prévention et de traiter les personnes touchées ;
- l’existence de systèmes publics de prévention performants, en vue de contrôler la prolifération des moustiques et les autres vecteurs non humains ;
- la création d’un groupe de travail participatif de gestion de la crise, permettant au gouvernement, aux travailleurs/euses et aux syndicats de décider ensemble des meilleurs moyens à mettre en œuvre pour éradiquer ces maladies, parmi d’autres.
L’Internationale des services publics (ISP) est une fédération syndicale internationale représentant 20 millions de femmes et d’hommes qui travaillent dans les services publics de 150 pays à travers le monde. L’ISP défend les droits humains et la justice sociale et promeut l’accès universel à des services publics de qualité. L’ISP travaille avec les Nations Unies et en partenariat avec des organisations syndicales et de la société civile et d’autres organisations.