« Recevoir une allocation et être pauvre malgré tout ? De plus en plus probable”
C’est ce que l’on pouvait lire mi-novembre en tête d’un article de presse dans le cadre de la publication d’un rapport sur les indicateurs sociaux de l’Union européenne. Celui-ci montre que ce gouvernement n’atteint pas ses objectifs. Que ce soit au niveau du budget, de l’emploi et certainement au niveau de la protection sociale et de la lutte contre la pauvreté.
Le rapport a été établi par le SPF Sécurité sociale qui est chargé de suivre les indicateurs sociaux en matière de protection sociale et de pauvreté et qui vérifie chaque année dans quelle mesure notre pays réalise ses objectifs pour 2020 ou du moins, se rapproche de leur réalisation.
Voici ce qui ressort de ce rapport :
Premier grand constat : entre 2014 et 2017, le risque de pauvreté présente une tendance haussière. Alors que l’objectif est de faire diminuer le risque de pauvreté et d’exclusion sociale de 380 000 personnes d’ici 2020, entre 2008 et 2017, notre pays a enregistré une augmentation de ce risque (+ de 102 000 personnes). Le risque de pauvreté chez les peu qualifiés surtout a fortement augmenté, passant de 18,7 % en 2005 à 31,2% en 2017. La catégorie des peu qualifiés chevauche souvent d’autres groupes qui connaissent un risque élevé de pauvreté, comme les demandeurs d’emploi et les personnes issues de la migration.
Deuxième grand constat : « l’adéquation des prestations sociales est soumise à une pression croissante ». Ce qui revient à dire que les allocations sociales protègent de moins en moins contre le risque de pauvreté. Depuis 2005, celle-ci a constamment diminué, pour la population en âge actif, passant de 56% à 43% des personnes vivant avec une allocation sociale.
« Des groupes spécifiques, comme les personnes handicapées, les chômeurs, montrent également, dans un contexte européen, des niveaux relativement élevés et croissants de pauvreté de revenu ». Ou encore : « En outre, dix ans après la retraite, les taux de remplacement ont chuté considérablement, ce qui indique qu’il est difficile de maintenir des pensions adéquates au fil du temps. »
Il est frappant de constater que notre pays recule dans le classement européen : il y a 3 ans, nous étions encore en 7ème position, aujourd’hui, nous avons reculé à la dixième place.
Pour toute clarté : il ne s’agit pas d’un rapport FGTB, mais d’un rapport propre à l’administration publique. Un véritable blâme pour le gouvernement au pouvoir, qui avait fait de belles promesses au début de sa législature.
Il est grand temps d’appliquer une autre politique. En matière d’emploi, plus particulièrement pour les peu qualifiés. En matière de politique salariale, plus particulièrement pour les bas salaires. Et enfin, dernier élément, mais pas des moindres, en matière de sécurité sociale, via une opération de rattrapage pour les allocations sociales, le relèvement de tous les minima à 10% au-delà du seuil de pauvreté, le relèvement des pensions minimums et des pensions les plus anciennes, la liaison au bien-être des allocations …
En tant que FGTB, nous exigeons que l’enveloppe pour la liaison au bien-être pour 2019-2020 soit concrétisée sous peu. Nous avons avancé nos propositions à ce sujet à la table des négociations. Mais pour un véritable revirement, pour une politique qui soit à nouveau placée sous le signe du progrès social, nous misons sur de nouveaux rapports de force politiques… à partir de mai 2019.
Source : Echo FGTB Numéro 9, novembre 2018