Lu dans Echo FGTB, la lettre d’information des services d’études de la FGTB et des Interrégionales :
» Plus de net en janvier ?
Oui, mais vous le paierez vous-même !
Le gouvernement Michel nous annonce que ce mois-ci, nous recevrons en moyenne 32 euros de plus sur notre compte. Grâce au résultat du tax-shift, souligne-t-il.
En théorie, le tax-shift implique un glissement des impôts d’une assiette (par exemple, le travail) vers une autre (par exemple, la fortune). Il ressort pourtant des chiffres de la Banque nationale et du FMI que le tax-shift n’entraîne pas un glissement de fiscalité, mais un trou de 4,8 milliards d’euros.
L’actualité nous montre comment le gouvernement financera ses cadeaux. Depuis peu, on sait qu’à partir de 2019, un pensionné sur 5 verra sa pension diminuer à la suite de cette mesure (ceci concerne les travailleurs qui sont entrés dans la vie active avant leur 20ème anniversaire). Sans parler de l’importante réforme des pensions sur la base du système à points qui doit encore intervenir grâce à laquelle le gouvernement souhaite épargner 10 milliards d’euros.
Il semble par ailleurs que nous ayons des pertes de mémoire. Il y a deux ans, nos salaires ont connu un saut d’index. Cela signifie 2% de salaire en moins. Chaque mois. Sans saut d’index, un salaire moyen aurait été aujourd’hui plus élevé de 32 euros nets.
Ironique n’est-ce pas ? D’un côté, on nous retire 32 euros de salaire et de l’autre on nous les rend deux ans plus tard. C’est apparemment un raisonnement qui tient la route pour les néolibéraux. Tout d’abord, il y a la perception. Le saut d’index, le gel des salaires, se remarquent à peine. Mais quand on reçoit un peu plus en net sur sa feuille de paie, cela se voit immédiatement. Une aubaine pour le gouvernement en vue des élections.
Ensuite, il y a une composante idéologique. Avec le saut d’index, le coût salarial pour les entreprises a diminué de 3 milliards d’euros. Les entreprises ont promis des emplois en échange, mais nous n’en n’avons pas vu grand-chose : notre taux d’emploi figure parmi ceux qui évoluent le plus lentement en Europe. Les dividendes distribués, par contre, ont augmenté, selon la Banque nationale, de 20 à 28 milliards d’euros. Un pur hasard ?
Puis, il y a l’autre fétiche de la droite : moins de collectivité, moins de solidarité. La fiscalité change pour les salariés, il y a moins de cotisations sociales pour les entreprises… et tout cela est compensé. Mais au fait, par quoi, exactement ?
Avec le tax-shift, il manque 4,8 milliards d’euros dans les caisses de l’Etat. Ceci, sans parler de la diminution de l’ISoc qui laisse un trou supplémentaire de près de 1,2 milliard d’euros dans le budget (tout en rapportant, par contre, 5 milliards aux entreprises). Si l’on y ajoute les autres décisions de l’Accord d’été, comme l’élargissement des flexi-jobs et les petits boulots d’appoint non-taxés – dont même les employeurs disent qu’ils anéantiront les emplois ordinaires et hypothéqueront la sécurité sociale, on voit poindre à l’horizon des déficits supplémentaires. Autant de mesures qui amaigrissent l’Etat et donc, la pensée collective.
Avec le saut d’index, vous avez financé vous-même ce petit montant net sur votre feuille de paie de janvier. Et vous le paierez encore à l’avenir, sous forme d’une pension moins élevée, moins de soins de santé, moins d’infrastructures et de services publics de qualité, plus de TVA et plus d’accises. Sinon, comment pensez-vous que les déficits seront comblés ? «