Il n’est guère dans nos habitudes d’utiliser des métaphores catholiques, mais la situation politique wallonne actuelle mérite des exceptions.
Et donc, tel l’apôtre Pierre dans la parabole biblique, Benoit Lutgen aura renié son allié socialiste de tous temps, tant celui-ci devenait dangereux à ses yeux pour la survie du CDH.
Ce coup de poker (ou plutôt de roulette russe) met en péril tout le travail engrangé par le Gouvernement wallon depuis deux ans. Car en s’associant avec le MR c’est l’ensemble des politiques wallonnes qui sont remises en cause.
Pour on ne sait quel motif autre que la survie de son parti, et surfant également sur la vague « macroniste » française, le président Lutgen aura aussi remis l’histoire romaine au goût du jour et, tel Brutus, aura poignardé César Magnette dans le dos, voulant donner un coup fatal au Parti socialiste.
Certes, « les affaires » ont montré que plusieurs mandataires socialistes ont eu des comportements inadmissibles. Cela fait plusieurs années que la CGSP les a dénoncés d’ailleurs ! Mais de ce qu’il ressort des commissions d’enquête, tous les partis ont « trempé » dans celles-ci. La plus scandaleuse, restant l’utilisation de l’appareil législatif belge pour donner un petit coup de pouce fiscal à des mafieux Kazakhs. Et pourtant, on n’en parle déjà plus.
Par ailleurs, en détrônant le PS en Région wallonne, Benoit Lutgen aura surtout poussé au pouvoir un nouveau César, Willy Borsus, empereur de la démagogie et de l’immobilisme. Pour rappel, en tant que Ministre fédéral des classes moyennes, des PME, des indépendants, de l’agriculture et de l’intégration sociale il n’a travaillé qu’à la solde des PME et des indépendants. En matière d’intégration sociale, le seul projet de loi qu’il a déposé n’est rien d’autre que l’obligation pour les travailleurs sociaux de dénoncer toute pratique qu’ils considèreraient comme « louche » et pouvant mener à suspecter des actes terroristes. Retour aux heures sombres du fascisme où la dénonciation était de rigueur en Belgique.
La Wallonie va donc maintenant être dirigée par des traitres CDH et des félons MR (qui, faut-il le rappeler, avaient juré mordicus ne jamais aller au pouvoir avec la NVA).
Au menu de ce gouvernement : la suppression des Provinces, la réduction du nombre d’administrations et d’institutions wallonnes et donc de fonctionnaires wallons.
Tel qu’au fédéral, il ne va pas faire bon vivre en Wallonie pour les agents de la fonction publique.
Nous rappelons à nos chers (payés) nouveaux ministres que l’administration, qu’elle que forme qu’elle prenne, est le garant de la neutralité envers les citoyens, de la continuité du service rendu à ces derniers (quels que soient les troubles politiques existants) et surtout de la répartition équitable des moyens communs, car les services publics sont le patrimoine de ceux qui n’en n’ont pas.
Alors, Monsieur Lutgen, lorsque vous vous exprimez dans les médias, même si vous souffrez de fièvre caniculaire estivale, évitez de parler de système « d’assistanat » en parlant de politiques wallonnes. Car d’abord il s’agit de termes horribles pour parler de l’aide aux plus démunis d’entre nous, terme d’autant plus abject lorsqu’il sort de la bouche d’un fervent chrétien, dont l’institution cléricale a usé tant et plus de cette pratique en Belgique afin de garder la mainmise sur les travailleurs tentant de survivre dans la médiocrité, plutôt que d’aider ces derniers à s’émanciper.
Enfin, je lance un appel à tous les agents de la fonction publique de Wallonie. Je leur dis que le temps est venu pour nous de résister à ces politiques de droite car il en va de la survie de nos institutions, de nos emplois et de nos statuts. Pour reprendre un thème qui m’est cher, et eu égard à l’actualité, je citerai (en la modifiant quelque peu) la devise de la maison Stark dans la série télévisée le trône de fer : « L’hiver est arrivé en Wallonie ».
Alors « aux armes » Camarades, la rentrée va être riche en conflits et combats.
Olivier Nyssen
Secrétaire général