Nous ne vivons pas au-dessus de nos moyens, ou du moins pas tous
« Nous vivons au-dessus de nos moyens », a déclaré Kris Peeters. Par ces propos, le prétendu « visage social » du gouvernement Michel laisse entendre que nous pouvons faire avec moins et défend les économies qui touchent en premier lieu les travailleurs et les allocataires sociaux. Intéressons-nous d’un peu plus près à cette affirmation selon laquelle « nous » vivons au-dessus de nos moyens.
Analysons les chiffres. Le Centre de politique sociale de l’Université d’Anvers (CSB – Centrum Voor Sociaal Beleid) vient de publier les chiffres sur la « répartition de la fortune en Belgique » (CSB, rapport de juin 2017, chiffres de 2014). Il en ressort que la Belgique est un pays prospère, mais caractérisé par une répartition très inégale de la fortune. Les 1% des familles les plus fortunées détiennent autant que les 50% de familles les moins fortunées. Les 10 % des familles les plus fortunées détiennent autant que tout le reste de la population. La composition de la fortune est également différente pour les différents groupes. Les 10 % de familles les plus riches détiennent 67 % de la valeur des fonds d’investissement, 56,7 % des obligations et 78,1 % des actions cotées en Bourse. La possession de capital financier est particulièrement concentrée. Quiconque prétend qu’une taxe sur les plus-values toucherait la classe moyenne ment !
Intéressons-nous également à l’autre côté du spectre : les chiffres de la pauvreté. Des chiffres récents d’Eurostat (organe qui établit les statistiques européennes) démontrent que le nombre de personnes qui encourent un risque de pauvreté ou d’exclusion sociale a augmenté en 2016 et concerne désormais 2.335.000 Belges. Pourtant, la Belgique avait prévu, en 2008, de réduire ce groupe de 380.000 personnes. En réalité, 141.000 personnes s’y sont ajoutées depuis. Un demi-million de personnes font donc les frais de cette belle promesse. Egalement frappant : le nombre de femmes qui vivent dans la pauvreté augmente alors que le nombre d’hommes diminue. Depuis 2014, et l’arrivée au pouvoir du gouvernement Michel donc, près de 60.000 femmes supplémentaires ont rejoint la catégorie « risque de pauvreté ou d’exclusion sociale ».
Le risque de pauvreté augmente de façon drastique pour les demandeurs d’emploi (la moitié des demandeurs d’emploi) et les familles monoparentales (plus de 40%).
Depuis quelques temps déjà, le gouvernement Michel annonce, en grande pompe, qu’il tiendra début juillet plusieurs conseils des ministres sous le signe de l’emploi, de l’économie et de la lutte contre la pauvreté. Il sait donc ce qu’il lui reste à faire. Du moins, s’il prend ses propres promesses au sérieux, comme des impôts plus justes ou le relèvement des allocations sociales au-delà du seuil de pauvreté.
Avons-nous bien compris que même l’OCDE souligne désormais qu’une taxe sur les plus-values est possible ? Appliquez donc cette taxe sur les plus-values à ceux qui vivent au-dessus de leurs moyens !
Le gouvernement réalise-t-il vraiment que presque toutes les allocations minimales sont inférieures au seuil de pauvreté ? Qu’il porte les allocations d’aide sociale au-delà du seuil de pauvreté et les prestations de sécurité sociale jusqu’au seuil de pauvreté + 10% et qu’il veille à ce que les pensions minimums et les allocations de maladie soient portées à 1.500 euros. Car celles-ci méritent mieux !
Source : Echo FGTB, juin 2017