Nous sommes le seul pays en Europe où les salaires réels ont diminué en 2016. Les conditions de travail se sont détériorées, le niveau de protection sociale diminue et notre pays se trouve en queue de peloton en matière de création d’emplois. Le compliment de l’OCDE – « La Belgique est un top reformer » – est donc déplacé.
Aujourd’hui, le Premier Ministre Charles Michel a reçu des compliments lors de la remise du rapport annuel de l’OCDE sur l’économie belge. La Belgique serait un pays « top reformer » parce qu’elle suit les recommandations de l’OCDE. Un jugement un peu trop hâtif s’il en est. Il convient en effet avant tout de mesurer l’impact de ces « réformes » sur la croissance et l’emploi. Et à ce niveau, les critiques sont nombreuses.
En ce qui concerne la croissance, notre pays se trouve en queue du peloton européen depuis déjà un an. Où sont les prétendus effets positifs de ces réformes ? Si des emplois sont créés, ils ne sont que le résultat d’une bonne conjoncture. La politique du gouvernement n’a rien à voir avec cela.
Même si la situation budgétaire semble s’améliorer, ce redressement est beaucoup plus lent que prévu. Si le gouvernement Michel veut atteindre son objectif budgétaire pour 2019, il devra encore trouver 8 milliards. Un déficit qu’il a lui-même provoqué avec un tax shift mal ficelé. Comme le confirme l’OCDE, le financement du tax shift n’est pas encore clôturé. Pour combler le trou creusé, l’OCDE avance par ailleurs des pistes que la FGTB peut soutenir :
- Mettre fin au traitement fiscal avantageux des voitures de sociétés ;
- Taxer les plus-values ;
- Supprimer les intérêts notionnels.
L’OCDE souligne également que les investissements publics sont trop limités, surtout au niveau des infrastructures publiques. Ce que la FGTB répète depuis des années ! Si cette situation ne change pas rapidement, nous risquons d’accumuler plusieurs années de retard en matière de mobilité durable.
Les applaudissements de l’OCDE pour les coupes réalisées dans les pensions par le gouvernement Michel sont complètement déplacés. Lorsqu’un pourcentage de plus en plus important de la population est confronté à des pathologies liées au travail, comme le burn-out, il est néfaste de prolonger subitement le temps de travail et les carrières.
La FGTB rappelle qu’il est temps de changer de cap. Surtout aujourd’hui, à l’heure où le gouvernement doit élaborer un nouveau budget et où des « super » conseils des ministres sont annoncés sur la sécurité sociale, l’économie et l’emploi. Un changement de cap vers plus de justice sociale et fiscale s’impose. De plus, la FGTB attend avec impatience que le gouvernement exécute les recommandations en matière de fiscalité et de lutte contre l’évasion fiscale.