LE MINISTRE DE L’INTERIEUR VOUDRAIT PRIVATISER DES MISSIONS DE LA POLICE
Depuis la mise en œuvre de la réforme des polices en 2001, plusieurs rapports ont été établis afin d’améliorer l’action policière et selon l’adage bien connu « mettre plus de bleu dans la rue ».
Malheureusement, le gouvernement Michel 1er a pris une toute autre direction puisqu’au lieu de renforcer les services de police, il envisage la privatisation de certaines tâches policières.
Selon les informations qui circulent dans la presse, le Ministre de l’Intérieur, Jan Jambon, a chargé un groupe d’experts d’examiner les tâches de la police afin de formuler des propositions en vue de réorienter le travail policier vers les tâches clefs. L’idée sous-jacente serait de les décharger de certaines missions dites périphériques pour privilégier la répression des crimes et des délits.
Le Ministre oublie le rôle fondamental de la police intégrée : la fonction de police orientée vers la communauté.
La police orientée vers la communauté est le résultat d’une politique et d’une stratégie toutes deux axées sur une lutte plus efficace contre la criminalité, une diminution des sentiments d’insécurité, une amélioration de la qualité de vie, une augmentation du service et de la légitimité de la police, et ce, à travers une confiance accrue dans les possibilités de la société.
Le Ministre Jambon a indiqué vouloir examiner toutes les tâches de la police « SANS TABOU » et des décisions seront prises dans les prochains mois, a-t-il assuré.
Le secteur privé n’est pas étranger à cette réflexion puisque les marges bénéficiaires de ces sociétés stagnent. Dès lors, ce secteur tente d’ouvrir de nouveaux marchés pour retrouver de nouvelles marges bénéficiaires au détriment du secteur public assurant actuellement ces services.
Le lobbying des grandes sociétés privées n’est pas nouveau puisque des démarches insistantes ont provoqué un débat parlementaire, il y a quelques années.
Sous le couvert d’économie budgétaire, de flexibilité et sous la pression grandissante du secteur privé, le gouvernement est prêt à revoir des missions du Service Public, voir de supprimer certains services, comme la protection du palais royal, le SHAPE, la cavalerie, les maîtres-chiens, etc…
En parallèle à l’examen de ce dossier, le directeur général de Securitas Belgique, Regis Gaspar, se dit prêt à assumer : la prise en charge de la surveillance des tribunaux, l’encadrement des détenus pendant leur transport, la sécurité des parkings sur les autoroutes, l’assistance de la police lors d’événements importants, ou encore la surveillance proactive des vidéos des caméras publiques,…
Ce manager poursuit sa réflexion en précisant que grâce à la flexibilité, seuls cinq agents de sécurité suffisent pour une mission de 24hr/24 et 7j/7 contre huit policiers et que de toute façon la police dispose d’un budget limité.
Le Service Public et, dans ce cas plus particulièrement la police, est la cible du gouvernement actuel.
Pour rappel, la CGSP réclame depuis plusieurs années et sans le moindre résultat :
- la révision de la norme KUL pour améliorer le financement des zones de police,
- l’engagement de nouveaux policiers pour remplacer les départs à la pension et pour assumer toutes les taches qui leur incombent,
- des moyens supplémentaires pour améliorer l’entreprise dans le domaine de l’infrastructure, l’informatique, la gestion des ressources humaines, etc… Néanmoins, nous constatons un désintérêt et/ou un désengagement dans le Service Public en général et dans le cas qui nous occupe pour la police. En effet, dans le cadre de l’optimalisation et la révision de son cadre organique (TO3) de la police fédérale, la disparition progressive de 500 emplois statutaires du cadre administratif et logistique (Calog) ou encore la disparition des agents de police sont annoncées, ce qui est pour nous intolérable.
- Pour la CGSP, la Police comme d’autres organes de l’Etat (Justice, Armée,…) doit impérativement assurer toutes les missions qui lui sont confiées et le gouvernement doit mettre les moyens nécessaires pour assurer un service de qualité à la société et au citoyen.
- Pour l’instant, nous ne disposons d’aucune information concernant le résultat des études / analyses de ce groupe de travail, et encore moins les orientations envisagées par celui-ci.